La Lettre de Transition Plus
HORS-SERIE
EDITO
A 59 ans, et après avoir travaillé 19 ans dans un grand groupe de distribution, Philippe définit une nouvelle offre de service et propose son expertise en tant qu’indépendant. Il accroît ainsi son train de vie dans la dernière partie de sa carrière.
Licenciée d’un groupe alimentaire où elle occupait une direction financière, Isabelle, 41 ans, après un temps de désarroi et de doute sur ses motivations professionnelles, retrouve un poste idéal pour elle : proche du précédent, mais dans une entreprise de culture totalement différente. Elle s’y sent désormais à l’aise, raccordée avec ce qui compte vraiment pour elle.
Revenu du Brésil où il était CEO d’une société d’emballages, Bruno, 55 ans, s’installe en Europe du Sud, décide de devenir consultant indépendant, d’apaiser le rythme de sa vie professionnelle et d’accorder du temps à des activités plus personnelles.
Ces trois histoires, devenues assez courantes, illustrent le fait que la carrière d’un cadre n’est aujourd’hui plus rectiligne, mais marquée par des virages, plus ou moins nombreux, plus ou moins prononcés.
Mais si les nouvelles orientations de carrière ne sont plus rares, elles restent pour ceux qui les prennent des moments très forts de la vie, des moments de vérité, où il devient nécessaire de clarifier ses envies fondamentales, de regarder l’avenir en face et d’effectuer ses choix.
Conseillers en crise de carrière, les consultants de Transition Plus accompagnent les cadres supérieurs et dirigeants notamment dans cette période décisive où ils définissent un nouveau cap dans leur parcours. Aussi ce sont eux qui ont écrit cette lettre, entièrement consacrée au CHANGEMENT DE CAP PROFESSIONNEL.
Ils nous exposent ici ce que prendre une nouvelle inflexion dans sa carrière signifie. Quels signes indiquent à un cadre que c’est le bon moment d’y songer ? Que risque-t-il à ne rien faire ? Quelles questions doit-il se poser ? En quoi prendre un nouveau cap professionnel l’engage-t-il ? De quelles qualités devra-t-il faire preuve ? Quels bienfaits cela lui apportera-t-il ? Autant d’interrogations auxquelles ils apportent leurs éléments de réflexion et de réponse.
Nous espérons que la lecture de cette lettre aura suscité votre intérêt.
Je me tiens naturellement disponible, comme chaque membre de l’équipe, pour en développer ou en préciser le contenu, écouter vos commentaires et répondre à vos questions.
D’ici là je vous en souhaite une bonne lecture.
Cordialement plus.
Domitille Tézé
PRENDRE UN NOUVEAU CAP
Quand on est sur la lancée d’une trajectoire professionnelle, on est porté sur une sorte de voie tracée, on ne se pose guère de question, si ce n’est de progresser dans son métier ou son entreprise. C’est la logique d’une grande partie de la carrière d’un cadre. Et puis, pour une raison ou une autre, il arrive que l’évidence de cette poursuite ne s’impose plus : on ressent de la lassitude, l’intérêt pour son activité baisse, et avec elle la motivation. L’envie n’est plus là, l’énergie tombe. On ne se sent plus capable de se projeter vers le futur, on a besoin de se retrouver… Lorsqu’une crise de carrière arrive, c’est le signe de déclencher une inflexion. « Je pose souvent cette question-test à mes clients, confie Marc Joly, quelle réalisation majeure avez-vous menée dans votre job au cours des douze derniers mois ? Qu’est-ce qui vous a motivé, qui vous a permis de montrer vos qualités et vous a rendu fier ? Si vous avez du mal à répondre, n’est-ce pas le bon moment pour changer de cap ?
Prendre un nouveau cap n’est pas une décision facile et les mauvaises raisons de rester sur sa trajectoire ne manquent pas : se dire qu’on est en sécurité là où on est… avec un salaire après tout confortable. Préférer le confort de l’habitude à l’inconfort de l’inconnu et du risque. Ou bien, ajoute Alix Gautier, trop écouter ses peurs et ses inquiétudes (légitimes) et du coup ne plus écouter l’appel de ses envies, qui sont pourtant le premier moteur du changement.
Quand on se prépare à changer de cap, il faut effectivement se demander ce qui motive cette envie de changement. Qu’est-ce que je cherche de nouveau ? Quels sont mes objectifs ? C’est pour faire quoi… ? Et donc finalement : quels sont mes besoins ? S’interroger en termes de besoin permet d’aller au bout de la réflexion nécessaire à cette étape de la vie professionnelle , de l’ancrer à un niveau de réalité nécessaire pour que ces changements restent durables. Cela assure une certaine stabilité, c’est un gage d’équilibre.
Prendre un nouveau cap, résume Thierry Guinard, ce n’est pas se pencher sur son expérience et se demander ce qu’on sait faire, c’est réfléchir sur ses envies puis sur les moyens à mettre en oeuvre pour les atteindre.
Autres questions à se poser : suis-je prêt à tout remettre à plat ? Suis-je capable de renoncer à une part de ce que j’ai déjà construit ? De remettre en question des idées préconçues ou des décisions prises ? Que suis-je prêt à laisser derrière moi pour me réinventer ? Ai-je assez d’énergie pour entamer cela ? Est-ce pour moi le bon moment de le faire ?
Car le chemin n’est pas si tranquille et les difficultés guettent. Changer de cap, c’est se préparer à bousculer ses routines, lâcher le mode du pilotage automatique, c’est-à-dire l’habitude de travailler avec ses points de repères, des méthodes et un environnement de travail connus pour partir en terra incognita, remettre en question ses croyances et affronter l’incertitude, le doute et les interrogations…
Tout cela, sous le regard des autres, de son entourage, de sa famille, de ses amis, de son réseau professionnel… Certains vont avoir dès le départ du mal à suivre votre envie de pivotement, tandis que d’autres, enthousiastes au début, vont peu à peu nuancer leur soutien. Et il n’est pas si facile de s’affranchir de leurs jugements, ni de se passer d’encouragements dont on a grand besoin dans un moment aussi engageant.
Face à ces difficultés, il est important d’être entouré par des personnes qui aident vraiment. Se faire accompagner prend alors toute sa valeur : dans la période de trouble que connaît le cadre en route vers un nouveau cap, privé de ses repères habituels, l’accompagnant joue un rôle de miroir qui lui permet de visualiser et d’entendre ce qui est en train de se passer. Dans le brouillard du doute et de l’inconnu, il assure que la direction et que le process suivis sont les bons. C’est précieux. Se faire accompagner, pour Nicolas Bontron, c’est décider d’investir son temps au bon endroit : temps pour la réflexion, pour faire émerger et mûrir son envie, pour construire ensuite un projet, et enfin pour le développer. On fait les choses dans le bon ordre. C’est une aide au recul et au discernement.
L’accompagnant est aussi un sparring-partner, avec qui on tape la balle. Quelqu’un qui challenge avec bienveillance, qui questionne et recadre les avancées de manière constructive. Quelqu’un qui pousse dans les retranchements, engage dans un travail plus profond qu’une simple réflexion de surface. En évitant au cadre de se trouver seul face à ses doutes et ses émotions, l’accompagnant lui permet d’aller vers ses envies véritables. Il lui apporte un soutien positif, le rassure sur son avenir matériel immédiat et lui permet aussi de se remémorer les moments positifs de son passé (à quel moment il a été performant, à quel moment il s’est épanoui) pour voir comment les reproduire. L’accompagnant l’aide ainsi à revisiter et à rendre réalisable son projet de vie et son projet professionnel.
A contrario, prendre seul un nouveau cap présente trois risques, qui peuvent se cumuler :
- aller trop vite, se précipiter et choisir les solutions de facilité,
- aller dans une mauvaise direction, c’est-à-dire privilégier des besoins qui ne sont pas forcément les plus personnels (l‘image sociale, la reconnaissance, le gain matériel…) et ne pas faire les bons arbitrages pour soi,
- ne pas aller assez loin : se décourager, s’arrêter à la première difficulté ou procrastiner en se focalisant sur toutes les bonnes raisons de ne rien changer, sans se rendre compte du risque qu’on prend chaque jour davantage à ne rien faire.
De nombreuses qualités sont mobilisées quand on change de cap sur son chemin de vie professionnelle : de l’énergie, de la méthode, de la discipline, et peut-être par-dessus tout, de la persévérance et une grande capacité de résilience. C’est à la fois un voyage à l’intérieur de soi et une ouverture au monde. Car ce n’est ni en lisant des livres ni en tapant sur son ordinateur qu’on ouvre sa voie et qu’on trouve sa nouvelle activité. Il est nécessaire d’aller vers les autres, d’échanger, de parler.
Prendre un nouveau cap est l’opportunité de très belles rencontres, et de ces rencontres peuvent naître de très belles opportunités.
Quelles que soient la destination et les difficultés du parcours, c’est un voyage dont on ressort transformé et enrichi.
La lettre de Transition Plus est éditée par Transition Plus – Directrice de la publication : Domitille Tézé –
Comité éditorial : Nicolas Bontron, Valérie Féret-Willaert, Thierry Guinard, Emmanuel Pérard, Marc Joly, Jean de Mesmay, Alix Gautier – Directeur de la rédaction : Michel Clavel – Conception / réalisation : Mathilde Guillemot – Crédit photos : Milena Perdriel.
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